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" Si j'avais un miroir en pied, je pourrais prendre mes poses habituelles: nue à l'exception d'une culotte, je pourrais me plier en deux pour toucher mes orteils et voir, de profil, la crête festonnée des vertèbres. Lever les bras pour les examiner, de face, rodynamiques, schématiques, comme ceux de ces modèles articulés dont se servent les artistes. Voir chaque fibre du petit deltoïde, parfaitement dessiné, au-dessous duquel le haut du bras redevient os. Puis, montant et descendant comme un ascenseur sur son câble, le biceps (un muscle dont je suis fière), compact, nerveux, réagissant avec la vivacité d'une souris.

" Ce que je préfère, ce sont les épaules, aiguës comme des ailes, et les clavicules, que je peux entourer de ma main _ clavicules, leur nom me semble poétique. Au niveau de la cage thoracique, mon infrastructure est très évidente, et j'aime même l'inquiétant labyrinthe violet que dessinent les veines: comme la Femme Visible (cette terrifiante poupée que l'on peut démonter pour voir à l'intérieur), j'approche la transparence. "

Jenefer Shute a grandi en Afrique du Sud d'où elle dut s'exiler, à l'âge de vingt-deux ans, à cause de ses activités politiques à l'université du Cap. Elle vit actuellement à New York où elle enseigne l'anglais.