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Un musicien chez les coupeurs de tête

Michel Dintrich

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« Juillet 1985. Agats, la capitale du pays asmat, le but de mon voyage, ce gros bourg perdu au fin fond de l’Irian Jaya, la province indonésienne de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Enfin j’y suis ! À l’exaltation succède l’appréhension. Maintenant, il va falloir jouer serré, la moindre erreur pourrait m’être fatale. D’ailleurs, j’en ai immédiatement la preuve : la police s’apprête à contrôler les passagers du bateau. J’ai appris qu’un laissez-passer est absolument nécessaire pour pénétrer dans ces territoires oubliés. Or, je n’en ai pas. C’est alors que je les vois. Athlétiques, debout dans leurs pirogues effilées, ce sont des guerriers olympiens. Leur peau brune souligne le bipane de coquillage blanc qui leur traverse la cloison nasale et leur donne un aspect farouche. Ainsi ces merveilleux sauvages existent-ils encore et sont tels que je les imaginais dans mes rêves les plus fous… »

Qu’allait donc faire Michel Dintrich, un guitariste classique réputé qui venait de fêter ses cinquante ans, dans une contrée marécageuse fort peu hospitalière, infestée de sauriens, habitée par des peuplades animistes qui célèbrent le culte des Ancêtres et s’adonnent à la chasse aux têtes pour venger leurs morts ? Celui qui n’est ni marchand ni collectionneur d’art primitif cédait à l’appel magnétique de l’Océanie, qui avait aimanté la sensibilité surréaliste : il trouverait les formidables sculpteurs du bouclier asmat suspendu par Breton dans son atelier, quitte à risquer sa tête et sa vie. Le musicien ne savait pas que les dessins et aquarelles de son carnet de voyage seraient son sauf-conduit chez les sauvages.