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Un tribunal au garde-à-vous

Le procès de Pierre Mendès France (9 mai 1941)

Jean-Denis Bredin

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Vient l'ultime formalité : la signification de l'arrêt au condamné. Elle a lieu dans la salle d'audience qui a été évacuée. Ni le public ni les juges ne sont plus là. La garde assemblée présente les armes. C'est le greffier qui donne, solennellement, lecture de l'arrêt : « Le lieutenant Mendès France est-il coupable de désertion à l'intérieur en temps de guerre ?
« A la majorité de six voix contre une, oui, l'accusé est coupable. »
Mendès France l'interrompt : « Le tribunal a menti. »
Le greffier, décontenancé, s'est arrêté un moment. Puis il enchaîne : « Sur la seconde question, à la majorité, il existe des circonstances atténuantes.
« En conséquence, le tribunal condamne le lieutenant de réserve Mendès France Pierre, Isaac, Isidore à la peine de six ans d'emprisonnement et à la perte du grade... »
Le greffier arrive au bout de sa lecture. A peine s'est-il arrêté que le condamné se tourne vers la garde. Les soldats sont blêmes. Mendès France s'avance vers eux. Il leur dit : « On vient de condamner un innocent par haine politique. Ce n'est pas la justice de la France, c'est celle de Hitler. Ne désespérez pas de la France. »

J.-D. B.