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Basse politique, haute police

Une approche historique et philosophique de la police

Hélène L'Heuillet

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La police est un élément de la politique devenue rationnelle, mais elle n'est pas une forme de gestion ni même seulement une administration. Occupée de « tout ce qui ne va pas », la police est au contraire une sorte de résidu de la politique devenue rationnelle. Mais plus l'emprise du rationnel s'étend, plus ce qui ne va pas est multiforme, et plus la tâche de la police est indéterminée. Par là même, sa fonction est de composer : basse politique, elle ne l'est pas au sens d'une politique appliquée, mais d'une politique qui compose avec les circonstances.
Chargée de réaliser les conditions effectives de la politique, elle est un savoir et une intelligence de l'Etat. Elle doit prévoir, anticiper, protéger le politique en lui évitant les mauvaises surprises venues de la société. Si une telle fonction semble, du point de vue descriptif, correspondre à l'activité de renseignement, de collecte d'informations, voire de surveillance secrète de l'opinion publique, c'est que celle-ci est apparue comme fondatrice de la police dès la lieutenance de Paris. Dès cette époque, en effet, la police, créée par Louis XIV, est bien autre chose que la garde ou l'espionnage, mais une véritable clinique de la société, attentive à ses humeurs, proche de ses sentiments, instruite de tout ce qui s'y passe.

Agrégée et docteur de philosophie, enseignante d'IUFM, Hélène L'Heuillet est chargée de cours à l'université de Paris-X-Nanterre.