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La Civilisation du coeur

Histoire du sentiment politique en France du XIIe au XIXe siècle

Jean Nagle

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C'est au Moyen Age que s'enracine la coutume d'inhumer en plusieurs parties (coeur, corps, entrailles) et plusieurs lieux la dépouille des personnes royales et de certains hauts personnages.

La séparation des coeurs royaux n'a rien d'anecdotique et apparaît à l'historien de la société et de l'Etat comme un puissant révélateur: c'est l'Etat même qui repose ainsi sur la gloire, produit et ambition du " noble coeur " que celui du roi vient coiffer, contrôler, diriger (le paysan, soumis à des règles communautaires, ne saurait avoir de coeur à lui seul...).

Au XVIe siècle, le coeur du roi prend des dimensions solaires, et la " patrie " française se constitue dans son rayonnement. Le coeur populaire politique naît par l'effet d'une culture de l'émotion, au cours de cérémonies prises en main par le pouvoir, sous l'influence aussi des dévotions au corps du Christ et au Sacré-Coeur.

Le XVIIe siècle est marqué par une crise des " valeurs cordiales " (la gloire, la cérémonie, le don), et le noble coeur se tourne vers Dieu.

Au temps des Lumières, coexistent deux coeurs populaires face à un noble coeur désemparé et à un coeur royal impavide: coeur de saint, coeur de père assuré de faire le bonheur de ses sujets. Pour le premier de ces coeurs populaires, radical, un coeur de roi n'est jamais innocent. Le second, chrétien, révérera sous la Révolution, dans l'aura du Sacré-Coeur, le coeur de son roi martyr.

Jean Nagle, professeur d'histoire, chercheur au CNRS et longtemps membre de l'Institut d'histoire moderne, a collaboré à Paris. Genèse d'un paysage (Louis Bergeron dir.), à l'Histoire générale des fonctionnaires et est l'auteur de Les Droits de marc d'or des offices: tarifs de 1583, 1704, 1748. Reconnaissance, fidélité et noblesse (1993) ainsi que de Luxe et charité. Le Faubourg Saint-Germain et l'argent (1994).