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Les Cérémonies de l'information dans la France du XVIe au XVIIIe siècle

Michèle Fogel

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Superbes dans leurs robes rouges, ils s'apprêtent à quitter l'Hôtel de Ville, le lieu de leur pouvoir. Leur regard, au passage, s'abaisse sur Paris, que l'on hésite à reconnaître dans cette femme aux pieds nus, aux paumes offertes.

Prévôt et échevins de la plus grande communauté urbaine, ils désiraient ce portrait de groupe, une tradition municipale commune à toute l'Europe. Mais en ordonnant au peintre de rompre ainsi avec les modèles connus, ils se sont laissés prendre au piège, car dans le ciel où Mercure leur porte la nouvelle d'une victoire, la Renommée, avec sa trompette, célèbre une gloire qui n'est point la leur. Dans la cathédrale dont on aperçoit les tours, ils vont accomplir dans l'ordre, avec tous ceux que le Roi a trouvé bon de convoquer, les gestes convenus, entendre le Te Deum, hymne de louange à Dieu, de reconnaissance envers la souveraineté triomphante.

Ce piège, qui l'a dressé? On pourrait croire à une stratégie consciente, volontaire, de l'Etat monarchique, pris entre la nécessaire maîtrise du territoire et des hommes et l'impossible présence réelle du souverain partout où il doit être entendu et obéi si, dans cette société des Temps modernes, tous les rapports de domination ne s'imposaient dans les mêmes formes, visibles, indiscutables, de l'ostentation.

Manifestation éclatante du Roi absent, la cérémonie porte et diffuse ses volontés, ses actions. Les dérobe-t-elle pour autant à la compréhension des sujets, participants ou spectateurs, à l'appropriation critique de leur signification?

Peut-on passer, comment passe-t-on de la cérémonie à l'information?

Michèle Fogel, ancienne élève de l'Ecole normale supérieure de Fontenay-aux-Roses, est maître de conférences à l'Université de Paris X _ Nanterre.