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Otto Abetz et les Français

Ou l'envers de la collaboration

Barbara Lambauer

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Découvrant, à l'occasion d'une première rencontre franco-allemande en Forêt Noire en 1930, la disposition des jeunes Français à un rapprochement avec l'Allemagne et s'adaptant aux limites imposées par l'arrivée d'Hitler au pouvoir, Otto Abetz élargit ce champ d'activité aux anciens combattants désireux de préserver la paix. Fin 1935, défiant la crise des relations franco-allemandes officielles, il réussit à provoquer la création d'un Comité France-Allemagne, qui compte un grand nombre de notables français prêts à prendre influence en faveur d'une entente franco-allemande. L'oeuvre d'Abetz, devenu l'émissaire officiel du ministre allemand des Affaires Etrangères en 1938, doit être interrompue en 1939 après son expulsion, ses tentatives de prise d'influence étant devenues véritablement gênantes au moment même où une nouvelle guerre s'annonce. En 1940, il retourne triomphalement en France comme Ambassadeur de la puissance d'occupation. Si sa position et ses tâches restent floues à l'origine, l'axe de la collaboration qu'il réussit à instaurer avec Pierre Laval lui permet d'étendre considérablement son champ d'action, d'abord dans ses relations avec le gouvernement de Vichy et la mise en place d'une collaboration politique et économique, ensuite en un contrôle de la vie intérieure de la France. Ainsi il joue un rôle-clé dans plusieurs domaines caractérisant ce régime d'occupation : politique de persécution antijuive, pillage d'oeuvres d'art, exploitation économique et surtout division de la France sur le plan intérieur. Son image de francophile et de nazi modéré aidant, il parvient effectivement à entraîner la France sur une voie de collaboration qui dépasse de très loin la convention d'armistice de 1940. En 1944, c'est lui qui mène la colonie des expatriés français à Sigmaringen. Après son arrestation par la police française en octobre 1945 et son procès en juillet 1949, il réussit à maintenir une certaine ambiguité sur sa francophilie, et ce au-delà de sa mort en 1958. L'importance d'Otto Abetz dans l'histoire de la France de ces années noires était jusqu'à présent trop sous-estimée. De langue maternelle allemande, Barbara Trimbur-Lambauer a soutenu à l'automne 2000 une thèse très remarquée sur Otto Abetz.