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Quand les cigognes claquaient du bec dans les eucalyptus

Correspondance d'un appelé d'Algérie

Eleonore Faucher

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Ce matin “conférence au sommet” à l’hôpital entre Si Assed le grand manitou FLN de la Grande Kabylie , le ministre FLN de la Santé en Algérie, le supérieur des pères blancs, Corbière et moi. Si Assed était venu incognito, c’est une des premières fois qu’il quittait son nid d’aigle du Djurdjura. Il m’a apporté une liste de 150 donneurs de sang musulmans à Tizi Ouzou, que je vais commencer à grouper demain. Il m’assure de tout son appui sur toutes les initiatives que je prendrai à ce sujet et me laisse carte blanche : carte blanche de l’armée française la semaine dernière, carte blanche du FLN aujourd’hui, c’est plus que je ne pouvais en espérer après 3 mois de Kabylie.

Étudiant en pharmacie, Albert Faucher est affecté au laboratoire de l’hôpital militaire de Tizi Ouzou de février à juillet 1962. Durant cette période, il entretient avec sa fiancée restée à Nantes une correspondance quotidienne. Les événements qui vont mener à l’indépendance de l’Algérie y sont racontés et commentés au jour le jour par ces « simples citoyens », ces amoureux qui se manquent tant, s’inquiètent, se rassurent, en donnant à leurs lettres un ton romanesque. Mais la spécificité du poste d’Albert fait aussi découvrir une « autre » guerre d’Algérie, où l’on donnait son sang pour les blessés, fussent-ils de l’autre bord…

Fille des deux correspondants, Eléonore Faucher est scénariste et réalisatrice. On lui doit notamment Brodeuses et Gamines.