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Monsieur le député, suivi de Les Mafieux

Leonardo Sciascia

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Deux histoires théâtrales sur l'impitoyable scène sicilienne, qui se lisent comme deux récits policiers de la comédie du pouvoir où la parole est toute-puissante pour faire et défaire les destinées. On parle peu en Sicile: et Sciascia, par les mots échangés entre ses personnages, par leurs silences, va tout droit au coeur des choses et des êtres. Le drame humain se fait chair, et tout dialogue prend bien vite son poids d'honneur ou son poids de plomb.

Le lecteur, ou le spectateur, voit d'abord, dans Monsieur le député, la métamorphose sournoise d'un professeur de lettres classiques: honnête homme, Frangipane deviendra, sous la pression d'un prélat corrompu, l'homme de tous les compromis qui assoit son pouvoir politique en sacrifiant sa culture, sa femme, l'admirable Assunta, rebelle pleine de douceur, si lucide qu'on veut la faire passer pour folle, sa famille, sa dignité. Dans des scènes au scalpel, qui révèlent, sous le masque des victorieux, toutes les faiblesses humaines, une fois de plus, mais ici dans la nudité des dialogues, Sciascia nous montre comment la gangrène du pouvoir pourrit nos sociétés, dont les témoins salvateurs ont la voix candide des vaincus.

Les racines de cette corruption, l'auteur les met au jour dans les Mafieux. Un personnage énigmatique, l'Incognito, mène la danse, à l'intérieur et à l'extérieur d'une prison, pour que " l'honorable société ", qui établit son réseau d'influences par menaces voilées d'amabilités allant jusqu'au crime qu'un mot d'esprit chargé d'ironie ordonne, passe sans accrocs majeurs les garibaldiennes années 1860. C'est ainsi que l'Unité de l'Italie s'est faite, dans l'ex-royaume des Bourbons, en changeant tout pour que rien ne change, sous la houlette au canon scié de la mafia.