« A mon âge, on n'a presque plus de larmes dans les yeux - mais il en reste beaucoup dans le sang. »
Frédéric Dard
Un train lancé vers Paris déraille. Parmi les morts, un homme tient serré entre ses mains un cahier qui porte en titre : « A ma femme. »
Ce journal, qu'Achille, son narrateur, destine à Armande, son épouse, est un immense cri d'amour et de haine.
Malgré la certitude d'un bonheur promis, déçu par la froideur de sa compagne, il est persuadé, à la faveur d'une confidence saisie au vol, qu'elle est amoureuse - depuis toujours - d'un autre homme. Dès ce moment, et malgré la naissance d'un fils, son couple ne sera plus qu'apparence et ressentiment.
Il veut léguer à sa femme, par le biais de son journal, un remords éternel.
Mais pourquoi, de tous les visages de ces voyageurs tués en pleine course, celui d'Achille est-il le seul à ne pas refléter une stupeur épouvantée ?
Saint-Gengoul est le patron des époux malheureux.
Ce roman sur les ravages de la jalousie, édité en 1945 aux éditions Cartier à Lyon, à l'atmosphère lourde, met en scène un véritable héros « dardien » qui ne saurait échapper à son implacable destin. Frédéric Dard y fait preuve d'une pénétration psychologique et d'une maîtrise de la narration hors pair.