Le Fouet vivant raconte le quotidien d’un village slovaque, Ráztoky, pendant la Première Guerre mondiale. La guerre, ici, n’est évoquée qu’à travers ses conséquences morales sur des villageois qui, au début du roman, n’en ont qu’une idée abstraite. Le retour des premières « Gueules cassées » leur fait peu à peu prendre conscience de la gravité des événements et, surtout, la guerre, bien que Ráztoky soit à l’abri de ses assauts, libère et exacerbe les instincts mauvais que les habitants, en temps de paix, dissimulaient derrière une morale de façade. Si l’intrigue tourne autour de deux figures principales - la jeune Eva Hlavajová qui, pour faire rappeler son mari du front, cède aux avances d’un notable, et le soldat Adam Hlavaj qui, devenu déserteur, prend la tête de la rébellion des villageois contre les représentants de l’autorité austro-hongroise -, le véritable protagoniste est le village lui-même. Bouleversant plaidoyer contre la guerre qui s’accompagne d’une réflexion sur la nature humaine capable du pire lorsque des circonstances exceptionnelles font éclater le vernis des conventions, le Fouet vivant, écrit par un jeune homme de vingt-trois ans, est considéré comme le roman fondateur de la littérature slovaque moderne. Écrivain, traducteur, journaliste, Milo Urban (1904-1982) fit paraître en 1927 le Fouet vivant, qui connut un immense succès et fut aussitôt traduit en plusieurs langues. L’ouvrage figura ensuite sur la liste des livres que les nazis ordonnèrent de brûler, puis fut interdit par le régime communiste jusqu’en 1957. Depuis, il est devenu un classique incontournable en Slovaquie.