L’État est de retour sur le devant de la scène économique. Il aide les entreprises défaillantes, investit dans les secteurs jugés stratégiques, dit son mot sur la nomination des grands patrons, définit de nouvelles règles. Beau programme, sauf qu’en matière fiscale, bancaire ou industrielle, il y a un gouffre entre les effets d’annonce et la réalité.
Il ne suffit hélas pas d’invoquer l’intérêt général pour le promouvoir. Il n’y a pas de pilote bienveillant aux commandes de l’appareil d’État mais des hommes inévitablement dotés d’intérêts particuliers, guettant les prochaines élections, ou tout simplement soucieux d’optimiser leurs carrières.
Oublions donc la mythique neutralité d’un État aux mains propres et efficaces ! Fixons-nous plutôt des objectifs concrets, modestes et aux résultats contrôlables : livrer une information fiable et détaillée aux citoyens exigeants que nous sommes devenus, prêter une oreille attentive à nos critiques légitimes. Pour échapper à la tyrannie du court-terme et à la multiplication des réformes avortées, Augustin Landier et David Thesmar donnent le mode d’emploi d’une société translucide, autrement dit assez adulte pour sauver, dans la décennie qui s’ouvre, le modèle français.
Augustin Landier est professeur d’économie à la Toulouse School of Economics. David Thesmar est professeur à HEC, membre du Conseil d’analyse économique auprès du Premier ministre. Tous deux ont coécrit Le Grand Méchant Marché (Flammarion, 2007).