Quelque part en Russie soviétique dans les années 1970, une base de chasseurs supersoniques. Les aviateurs s’ennuient, leurs virées supersoniques les distraient à peine. Voskoboïev et sa femme Élizavéta s’installent dans la bourgade cernée par une forêt sauvage. Les appartements se touchent, répercutent les disputes des voisins. Voskoboïev, interdit de vol, sombre dans le marasme. Son voisin, qui est son supérieur, quitte sa femme et se plonge dans des rêveries littéraires : pourquoi Dante veut-il nous conduire en enfer plutôt qu’au paradis ? Il correspond avec un critique de Moscou, et cette fenêtre littéraire lui sauve momentanément la vie. Pas pour longtemps. Sa mort, nous l’apprendrons quand son correspondant mythique débarquera dans ce trou perdu pour surmonter sa propre mélancolie.
Car ici on est en mélancolie, comme en littérature. Très près des héros de la Mouette, de Tchekhov et pas loin des mythes de l’Américain Thoreau. Le menu travail de crochet narratif de Dmitriev fascine doucement, le piège arachnéen de la vie est là, dans « la configuration Dmitriev », très légèrement insoutenable, diablement poétique.