« Au temps de Pascal, l’homme était un roseau pensant. Mais, pour les hommes d’aujourd’hui, l’obligation de penser est beaucoup moins impérieuse. Nos prédécesseurs ont pensé pour nous », constate Henri Roorda (1870-1925), pédagogue, mathématicien et humoriste suisse.
Ironique et même volontiers persifleur, il fait cependant mine d’en rabattre : dans de courts billets consacrés à des sujets futiles, des notions élémentaires ou à des observations triviales, il pensote donc, humblement et par voie de presse. Ses billets ont un tel succès qu’il les réunit en 1923 dans un recueil, Le Roseau pensotant.
C’est la revanche du chroniqueur : sa philosophie, désabusée et paradoxalement positive, se révèle d’une étonnante lucidité doublée d’une grande fraîcheur.