Taillé à coups de sabre dans le continent pour nourrir les guerres et venir à bout de l’Angleterre, et pourtant destiné à offrir aux Européens un espace de droit et de civilisation, le Grand Empire de Napoléon fascine autant par ses proportions que par les tensions qui le parcouraient. Or que sait-on des fonctionnaires chargés de lui donner corps ? Les états d’âme de ces hommes, à la fois missionnaires impériaux et pères de famille désorientés par de tels déplacements, sont ceux de toute une génération partagée entre souci de stabilité et désir de mobilité, et reflètent les contradictions d’une France portée à 130 départements, qui se construit simultanément en État-Nation et en État-Empire. En s’attachant à l’expérience sensible, sociale et culturelle de l’expatriation, ce livre entend réintégrer l’ère napoléonienne au sein d’une histoire toujours plus ouverte et connectée des circulations d’hommes et de savoirs.
L’enquête suit, pas à pas, une cohorte de 1 500 Impériaux, du préfet au préposé des douanes, depuis leur départ hors des vieilles frontières jusqu’à la mémoire d’un épisode ayant conjugué l’épreuve intime du dépaysement au sentiment gratifiant d’avoir écrit l’Histoire. Se dessinent alors une sociologie de ces agents happés par le marché impérial des emplois publics ainsi qu’une anthropologie de l’expatrié au fil d’une immersion au sein des correspondances privées. À leur retour en France, ces experts occupent des postes clefs dans les administrations fiscales, les Eaux et Forêts ou les Ponts et Chaussées ; la leçon qu’ils ont tirée de la domination napoléonienne contribue à redéfinir le rapport au monde de leurs compatriotes : ces praticiens du droit d’un peuple à disposer des autres se font, après 1815, les partisans du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, tout en poussant au rebond mondial de l’expansionnisme français.
L’enquête suit, pas à pas, une cohorte de 1 500 Impériaux, du préfet au préposé des douanes, depuis leur départ hors des vieilles frontières jusqu’à la mémoire d’un épisode ayant conjugué l’épreuve intime du dépaysement au sentiment gratifiant d’avoir écrit l’Histoire. Se dessinent alors une sociologie de ces agents happés par le marché impérial des emplois publics ainsi qu’une anthropologie de l’expatrié au fil d’une immersion au sein des correspondances privées. À leur retour en France, ces experts occupent des postes clefs dans les administrations fiscales, les Eaux et Forêts ou les Ponts et Chaussées ; la leçon qu’ils ont tirée de la domination napoléonienne contribue à redéfinir le rapport au monde de leurs compatriotes : ces praticiens du droit d’un peuple à disposer des autres se font, après 1815, les partisans du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, tout en poussant au rebond mondial de l’expansionnisme français.