" J'ai la crainte de voir s'en aller les être que j'aime. Je voudrais pouvoir écrire: Qu'ils parent! Après tout, c'est leur destin. " Mais non; mes enfants, mes amours, mes affections sont ma plus lourde chaîne. Où est la " vraie vie "? Ici ou ailleurs?
J'appartenais à ce qu'on appelle une " famille nombreuse ". Un père. Une mère. Cinq enfants. Une belle famille. Ni pauvre ni riche. Il y avait chaque jour sept assiettes sur la table. Il y avait les sapins de la Forêt Noire; les Contes d'Andersen; les hivers de Belfort. Il y avait aussi les mutations dans les villes de garnison, car mon père était officier.
Un jour, il est parti. Je crois que nous l'avions dévoré. Alors il est parti sans oublier son revolver. Sans oublier de pourvoir une dernière fois, en bon père de famille: il a mis ses affaires en ordre; il a souscrit une assurance sur la vie. Il nous a écrit: " ... Ne m'en veuillez pas de partir ainsi... Passé le premier choc, vous verrez qu'en fin de compte c'était ce que j'avais de mieux à faire... Quand ce sera fait, achetez une petite maison... "
Depuis, lui, cette grande ombre paternelle, ce grand soleil éteint, je le sens qui marche à mes côtés. Je l'entends qui parle en moi. J'ai tenté de le suivre. J'ai marché sur ses pas. Dans un village de montagne, j'ai retrouvé le petit hôtel où il s'était arrêté pour sa dernière nuit. Mais dans la chambre rien n'évoque son souvenir. Par la fenêtre ouverte, monte une odeur d'étable. En bas, des animaux se tiennent chaud. Derrière la cloison, un couple s'aime. Des enfants montent l'escalier en chahutant... "
F.L.
" Je ferai en sorte qu'on me trouve tout de suite. Votre attente ne sera pas longue... Dans le troisième tiroir de gauche vous trouverez les papiers de l'assurance-vie... Il faudra acheter une maison... "
Un jour, quelqu'un met tout en ordre et s'en va. Il croit avoir réglé les comptes, tiré un trait. C'est ce jour-là que tout commence...
J'appartenais à ce qu'on appelle une " famille nombreuse ". Un père. Une mère. Cinq enfants. Une belle famille. Ni pauvre ni riche. Il y avait chaque jour sept assiettes sur la table. Il y avait les sapins de la Forêt Noire; les Contes d'Andersen; les hivers de Belfort. Il y avait aussi les mutations dans les villes de garnison, car mon père était officier.
Un jour, il est parti. Je crois que nous l'avions dévoré. Alors il est parti sans oublier son revolver. Sans oublier de pourvoir une dernière fois, en bon père de famille: il a mis ses affaires en ordre; il a souscrit une assurance sur la vie. Il nous a écrit: " ... Ne m'en veuillez pas de partir ainsi... Passé le premier choc, vous verrez qu'en fin de compte c'était ce que j'avais de mieux à faire... Quand ce sera fait, achetez une petite maison... "
Depuis, lui, cette grande ombre paternelle, ce grand soleil éteint, je le sens qui marche à mes côtés. Je l'entends qui parle en moi. J'ai tenté de le suivre. J'ai marché sur ses pas. Dans un village de montagne, j'ai retrouvé le petit hôtel où il s'était arrêté pour sa dernière nuit. Mais dans la chambre rien n'évoque son souvenir. Par la fenêtre ouverte, monte une odeur d'étable. En bas, des animaux se tiennent chaud. Derrière la cloison, un couple s'aime. Des enfants montent l'escalier en chahutant... "
F.L.
" Je ferai en sorte qu'on me trouve tout de suite. Votre attente ne sera pas longue... Dans le troisième tiroir de gauche vous trouverez les papiers de l'assurance-vie... Il faudra acheter une maison... "
Un jour, quelqu'un met tout en ordre et s'en va. Il croit avoir réglé les comptes, tiré un trait. C'est ce jour-là que tout commence...